En 1901, le célèbre violoncelliste Pablo Casals se brisa la main lors d’un accident d’escalade. Il raconta par la suite que sa première pensée fut « Dieu merci, je n’aurai plus jamais à jouer du violoncelle ! ».

Lorsqu’une musicienne – ou un musicien – s’allie à un instrument de musique dans la quête d’un idéal artistique, s’opère un pacte tacite par lequel l’artiste en devenir renonce à une partie conséquente de sa liberté. Elle s’engage dans un long chemin, péniblement répétitif, parsemé d’étapes furtives lors desquelles elle peut parfois vivre la grâce d’un instant de communion esthétique. Ce sont pour ces brefs moments, qu’elle espère prolonger, que l’artiste continue sa pratique.

Duo pour violoncelliste seule propose d’explorer la complexité de la relation entre musicien·ne et instrument, ce par le biais de la mise en scène d’un corps à corps – ou face à face – entre un violoncelle et sa violoncelliste. Dans ce spectacle ayant recours aux techniques de la Magie Nouvelle, le labeur quotidien de notre violoncelliste sera dépeint tel que certain·e·s artistes ont pu le décrire – c’est-à-dire celui de la lutte contre le silence, et de la tentative d’apprivoisement d’un objet qui, au moins pour eux·elles, en vient à porter les attributs d’un être doté d’une volonté – sorte de totem incarné – tantôt maître, tantôt esclave.

Dans un univers où, sous la contrainte tyrannique d’un métronome, l’acte de répéter dans l’espoir d’atteindre une exécution artistique parfaite tiendra une importance primordiale, surgiront quelques instants de grâce, éphémères, rendus visibles par la magie d’une image née de la presque disparition vibratoire d’un son musical.